Rupture de timbres fiscaux à Ouagadougou : « La dématérialisation permettra de résoudre le problème », selon le DG des impôts, Daouda Kirakoya
Depuis courant 2022, les usagers de la capitale sollicitant soit la légalisation soit l’authentification de leurs documents font face à une pénurie de timbres fiscaux. Afin de donner un éclairage, le directeur général des impôts (DGI), Daouda Kirakoya, a accordé une interview à une équipe du journal en ligne Lefaso.net, ce vendredi 17 mars 2023, à Ouagadougou. Cette rupture, à l’en croire, est indépendante de la volonté de la DGI, chargée de la gestion du stock au plan national. Pour atténuer un tant soit peu les effets de cette pénurie, une commande d’urgence a été lancée. « Il y a un stock d’urgence avec le fournisseur qui va arriver en cours de semaine prochaine. Nous allons indiquer un lieu où les gens peuvent aller acheter. Également, nous allons essayer de réglementer la vente pour que les gens ne fassent pas de la spéculation », a annoncé le DGI.
Daouda Kirakoya : Effectivement, on a constaté ces derniers temps une pénurie de timbres dans certains de nos guichets de vente notamment au niveau des grands centres comme Ouagadougou. Ce sont essentiellement les quotités de 200 et 100 francs qui sont concernées. Par contre, dans les petites recettes, il y a toujours un peu de disponibilité. Cette situation est due au fait que nous sommes dans le registre du commerce. Lorsqu’on commande les timbres, tout citoyen qui vient pour les acquérir, il n’y a pas une limitation du nombre. Ce qui fait qu’il y a certains qui achètent plus que leurs besoins. On constate qu’il y a des timbres de 100 et 200 francs CFA qui circulent en ville alors que dans nos guichets, il y en n’a pas. Également, les timbres font l’objet de commandes publiques parce qu’ils ne sont pas fabriqués sur place au Burkina Faso. C’est fabriqué sur les mêmes supports que les billets de banque. Et le processus est long également.
Au regard de la lourdeur du processus, pourquoi ne pas mettre en place un autre système ?
Il y a des alternatives dont la dématérialisation du timbre qui est envisagée par le gouvernement. Avec la situation du pays, il y a des projets qui ne peuvent pas aller très rapidement comme on le souhaite. Sinon l’optique, c’est de passer à la dématérialisation avec deux possibilités. La première possibilité, c’est d’avoir des machines à timbrer. La deuxième possibilité, c’est d’avoir des comptes pour les utilisateurs comme un portefeuille de monnaie qu’on peut utiliser à chaque fois qu’on a besoin. La réflexion est en cours. Certainement que le gouvernement va passer bientôt à la dématérialisation des timbres. En attendant, il y a un stock d’urgence avec le fournisseur qui va arriver en cours de semaine prochaine. Nous allons essayer de réglementer un peu la vente pour que les gens n’en fassent pas de la spéculation. Également, nous allons indiquer un lieu où les gens peuvent aller acheter.
Quel est le processus de la dématérialisation ?
Pour dématérialiser, il faut suivre un processus. C’est un marché public qui va être lancé. Il faut faire des commandes. Ensuite, nous allons faire des essais, puis mettre le dispositif en place. Déjà, nous allons essayer dans la mesure du possible de voir comment on peut atténuer les effets de la rupture. Il y a quelques localités qui ont quelques quantités de timbres qu’on est en train de redéployer dans les grands centres. Vous avez vu que La Poste Burkina avait un stock. Dès qu’elle a annoncé qu’il y avait une disponibilité, les gens sont allés tout acheter. Ils sont placés devant les lieux où on les utilise les timbres pour les revendre. Si on prend des mesures tout de suite à leur encontre, les gens diront que nous sommes en train de créer d’autres situations. L’esprit de certains citoyens est à revoir. Si le timbre à une valeur faciale de 200 francs CFA et qu’on le revend à 300 ou 350 francs CFA, c’est exagéré.
Quel est l’impact de cette rupture ?
D’abord pour le citoyen, avec la rupture des timbres, les gens sont obligés d’aller de gauche à droite. Ce qui est quand même difficile pour un citoyen. Ensuite, il y a le temps qu’il faut perdre. Certainement qu’on aurait pu avoir de façon diligente, des actes administratifs au regard de la non disponibilité des timbres. Ça peut prendre un peu plus de temps.
Il faut qu’on puisse aussi interpeller l’ensemble des Burkinabè sur ces questions de pénurie parce que ça devient des situations que des gens favorisent à dessein pour pouvoir avoir de l’argent. Ce n’est pas intéressant dans le contexte dans lequel nous sommes. La vente des timbres est réglementée. En principe, on ne peut pas vendre des timbres en dehors de nos guichets si on n’est pas un distributeur agrée. Mais vous constaterez avec nous qu’il y a des citoyens qui s’approvisionnent et qui vendent à des prix exorbitants.