Réponse humanitaire au Burkina : Roukiatou Maïga, l’amazone qui redonne espoir aux personnes déplacées internes à Dori

Avec 501 961 Personnes déplacées internes (PDI) à la date du 31 mars 2023, le Sahel est la région qui accueille le plus grand nombre de PDI au Burkina Faso, estimées à 2 062 534. Hommes, femmes et enfants affluent de différentes communes en direction de Dori, espérant y trouver un refuge plus sûr. Parmi les bonnes volontés qui s’échinent à offrir de l’espoir à ces populations, il y a Roukiatou Maïga. Cette quinquagénaire, à la tête de la coopérative Djam Weli (la paix est bonne), œuvre depuis 2018 à offrir un refuge et une lueur d’espoir aux milliers de déplacés venus du Soum. Par son hospitalité, elle offre une nouvelle chance à ceux et celles qui ont tout perdu. Portrait d’une amazone de l’humanitaire.

Roukiatou Maïga. Retenez bien ce nom. Son histoire doit être contée aux enfants et aux adultes. Des héros sans cape ni super-pouvoirs, il en existe au Burkina Faso. Mais, ils ne sont pas toujours portés sur le grand écran. Roukiatou Maïga est de la trempe de Karim Zouma, cet agent de l’action sociale qui a répondu à l’appel de la patrie et qui porte encore les cicatrices d’une attaque contre un convoi humanitaire devant ravitailler la commune de Koutougou en juillet 2019.

Communauté. Ce mot résume bien la vie de Roukiatou Maïga. Une vie au service des autres, à travers des actes quotidiens empreints d’humanisme. Depuis 2018, le domicile de la quinquagénaire ne désemplit pas. Des Burkinabè contraints d’abandonner leurs foyers, leurs terres et leur bétail en raison de l’insécurité frappent à sa porte, nuit et jour. La plupart d’entre eux viennent du Soum.

À Lerbou, village situé dans la commune de Dori, des enfants reviennent du champ (Photo prise le 20 juin 2020)

Engagement personnel

« Quand ils arrivent à Dori, ils ne savent pas où aller. Je les reçois et je les accompagne plus tard à l’Action sociale pour qu’ils puissent être enregistrés. C’est ainsi que les services de l’Action sociale m’ont désignée comme point focal. Avant, avant que nous ne les référions à l’Action sociale, les PDI pouvaient rester chez moi pendant quatre ou cinq jours. Mais aujourd’hui, quand elles arrivent, nous leur trouvons de quoi se reposer, manger et boire et dès le soir, nous les présentons à l’Action sociale », indique Roukiatou Maïga.

Pendant deux ans, elle a offert son aide de manière volontaire et personnelle aux personnes déplacées internes. Cependant, à bout de souffle, elle a décidé de faire intervenir la coopérative Djam Weli dans la prise en charge des PDI. « Aujourd’hui, notre coopérative est engagée dans l’accueil, le référencement et la sensibilisation des PDI », atteste Roukiatou Maïga.

Une centaine de déplacés internes hébergés

Elle confie avoir offert gîte et couvert à une centaine de personnes depuis 2018. A la date du 10 août 2023, elle héberge seize personnes déplacées internes. « Ces personnes viennent toutes du Soum, à l’exception de trois individus : deux hommes et une femme, originaires de Sampelga. Al Hamdoulillah. Je remercie Dieu parce qu’avec l’aide des projets humanitaires, l’Action sociale et les autorités locales, nous faisons de notre mieux pour répondre à la situation. Chaque fois qu’une personne est enregistrée, elle bénéficie d’une ration alimentaire. Certains déplacés que j’ai accueillis ont aujourd’hui une tente sur une parcelle qui leur a été attribuée. D’autres ont préféré rester avec moi. Ils contribuent avec leurs propres dotations de vivres, et ensemble, en combinant nos ressources, nous préparons les repas », partage dame Roukiatou Maïga.

À l’image de Karim Zouma, agent de l’action sociale ayant reçu deux balles, une à la main gauche et une autre à la poitrine, Roukiatou Maiga

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