Élections au Gabon : Couvre-feu instauré, internet coupé..., c’est la veillée d’armes !

La journée de triple scrutins au Gabon, samedi 26 août 2023 , a été « couronnée » par la coupure d’internet et l’instauration d’un couvre-feu, après « les menaces proférées » par le principal candidat de l’opposition radicale à la présidentielle. Un climat politique qui laisse planer le spectre d’un remake de 2016 …

« Le gouvernement a pris la décision de suspendre l’accès à Internet sur toute l’étendue du territoire à compter de ce jour, et ce, jusqu’à nouvel ordre. (…). Un couvre-feu sur l’ensemble du territoire est décrété et sera appliqué dès ce dimanche 27 août, et ce, jusqu’à nouvel ordre. Il sera en vigueur tous les jours à partir de 19h jusqu’à 6h », a, selon des confrères gabonais, déclaré le ministre de la Communication sur la chaîne de télévision publique Gabon 1ère.

Le gouvernement déplore que le candidat d’Alternance 2023 (opposition radicale), Pr Albert Ondo Ossa, ait, dès l’après-midi du samedi (jour du scrutin), et avant même la fin du vote, revendiqué la victoire pour ensuite laisser entendre qu’il pourrait y avoir des violences post-électorales dans le pays, s’il n’est pas déclaré vain

L’atmosphère même de la tenue de ces trois scrutins semble déjà camper une issue de tous les doutes. En effet, contrairement aux fois passées, et selon des sources sur place au Gabon, le rendez-vous de ce samedi 26 août 2023 n’a admis aucun observateur international ni un journaliste étranger. Le pouvoir de Ali Bongo, semble-t-il, n’a pas digéré la réaction des observateurs internationaux à la présidentielle passée, lorsqu’ils ont dit que le scrutin a été entaché d’irrégularités. Ceci explique-t-il cela ? Visiblement !

Et cette situation de scrutins tenus dans « l’opacité » est un ingrédient supplémentaire dans la dégradation du climat socio-politique et en faveur des tensions autour des résultats. Cet élément n’est d’ailleurs pas un acte isolé, le système électoral a été conséquemment modifié en faveur, faut-il l’affirmer, du candidat sortant (mandat présidentiel illimité, scrutin à un seul tour,).

Par cette suspension donc d’accès à internet et l’instauration du couvre-feu, le gouvernement évoque des raisons de sécurité, par notamment la prévention des débordements et dérives sur les réseaux sociaux, d’où « circulent les fausses informations et les appels à la violence qui peuvent avoir des conséquences dramatiques, voire irréversibles pour le pays ».

Depuis les jours précédents, le gouvernement dénonce « les machines à fake-news (qui) commencent à tourner à plein régime ».

Ce paysage actuel fait craindre un remake de la présidentielle précédente, août 2016, suite à la remise en cause, par l’opposition, du résultat du scrutin. On se souvient, précisément, de la contestation du résultat par Jean Ping (48,23 % des voix), le rival du chef de l’État Ali Bongo (49,80 % des voix) qui a entraîné des échauffourées et fait plusieurs morts. Cette tension qui est restée longtemps est, d’une manière ou d’une autre, passée par le coup d’Etat avorté de ce 7 janvier 2019.

Tout est réuni donc pour justifier la crainte que des Gabonais et autres observateurs africains et internationaux expriment face à ces élections.

Les yeux et les oreilles sont donc rivés et tendus vers Libreville.

Oumar L. Ouédraogo

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