Téléphonie mobile au Burkina : Vers la mise en place d’un identifiant unique électronique

« N’est-il pas nécessaire d’encadrer d’avantage la vente des cartes SIM par les opérateurs de téléphonie mobile dans un contexte de crise sécuritaire ? Qu’en est-il de la sécurisation des données échangées lors des communications électroniques ? » Telles sont les questions que le député Salif Yada a adressé à la ministre de la transition digitale, des postes et des communications électroniques, Aminata Zerbo. C’était au cours de la session parlementaire du vendredi 17 mars 2023 en présence de 42 députés. La session a été présidée par le troisième vice-président de l’Assemblée législative de transition, Ousmane Diallo.

D’entrée de jeu, la ministre fera observer que le problème d’identification des abonnés des opérateurs de téléphonie mobile s’est corsée avec l’exacerbation de la crise sécuritaire qui frappe de plein fouet le Burkina. Pour réduire les affres constatées dans ce milieu, le 31 décembre 2018, le gouvernement prenait un décret portant modalités d’identification des abonnés aux services de communications électroniques et des clients de cybercafés.

L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (ARCEP) avait en charge de veiller à l’application des dispositions dudit décret ainsi que des sanctions. « Plus de trois ans après son adoption, on peut retenir que le décret a permis d’assainir substantiellement le fichier des usagers des services de communication électroniques dans les réseaux des opérateurs et fournisseurs de services. Cependant, les contrôles annuels effectués par l’ARCEP laissent apparaître l’existence de points de non-conformité tels que les numéros fonctionnant sur le réseau avec des identifications incomplètes, les multiples abonnements les incohérences avec les documents d’identification nationaux. En somme, les difficultés sont essentiellement associées à la problématique globale de l’identification des populations au niveau du pays, plus particulièrement à la non mise en place de l’interconnexion des bases de données des opérateurs avec celle de l’Office national d’identification conformément aux dispositions de l’article 6 du décret, et cela, cinq ans après son adoption ». Par ailleurs, estime-t-elle, même si certains pays tels que le Togo et le Nigéria ont opté pour la limitation des cartes SIM à trois par utilisateur, la problématique fondamentale reste et demeure la qualité d’identification

Ainsi, pour couper broche et renverser la vapeur, le gouvernement prévoit un projet pour la mise en place d’un identifiant unique électronique de base des personnes au Burkina Faso car dit, la ministre, « notre pays souffre d’un déficit global de traçabilité qui impacte tous les secteurs dont celui du numérique ». « Ce projet ambitieux et transversal nous permettra de disposer d’une identification fiable de toute personne vivant au Burkina Faso, d’assurer l’interopérabilité nécessaire entre les différentes bases de données d’identité, mais surtout de faciliter l’accès de manière sécurisée à une plateforme digitale de vérification de l’identité. Cela permettra d’améliorer la fourniture des services de base aux populations et de renforcer l’action des pouvoirs publics à tous les niveaux, y compris au niveau sécuritaire », explique-t-elle.
En attendant la concrétisation de ce projet le MTDPCE et l’ONI sont lancés dans des phases de concertations, histoire de réduire la casse et améliorer la fiabilité du dispositif actuel.

Pour ce qui est de la sécurisation des données échangées lors des communications électroniques, elle est perceptible à deux niveaux : d’une part au niveau des opérateurs de réseaux et fournisseurs, d’autre part au niveau des pouvoirs publics.
Au niveau des opérateurs de réseaux et fournisseurs, « ils ont l’obligation d’utiliser des systèmes de sécurisation tels que les pare-feu réseaux pour empêcher des accès malveillants à leurs bases de données. En sus, ces bases de données sont cryptées et leurs accès sont conditionnés à une authentification préalable. Par ailleurs, ces bases de données doivent être déployées de manière redondante pour garantir la résilience des services de communication en cas de panne ou d’attaques. Aussi, il faut noter que l’ensemble des sites abritant ces données sont soumis à une surveillance physique à travers les services de sécurité et la mise en place des plateformes numériques (système de vidéosurveillance) ».